Forêt de Fontainebleau - Nemours
Départ de Villiers-le-Mahieu à 8 heures dans un car à deux étages direction la forêt de fontainebleau et
plus précisément la région de Nemours. Ca roule bien sur l'autoroute, si bien qu'Etienne rate la sortie Ury et nous sommes quitte
pour un demi-tour au prochain péage. Enfin nous arrivons à destination et retrouvons sur place Josette et René, les "presque" régionaux de l'étape.
C'est sous la pluie et avec les capes que nous entamons cette rando, si bien que nous ratons le GR et nous sommes une fois
de plus quitte pour un nouveau demi-tour quelques 1,5 Km plus tard. Ce tour de chauffe réalisé nous retrouvons finalement le GR13
et c'est sous le soleil retrouvé que montons dans la forêt.
Forêt, points de vue, rochers, la forêt de Fontainebleau est toujours appréciée des randonneurs de RVM. C'est dans la
forêt, sur un coteau ensoleillé que nous nous arrêtons pour la pause repas.
L'après-midi, en route vers Nemours, nous quittons la forêt et le rocher de Dame Jouanne pour traverser un
joli village : Larchant et sa surprenante église (voir ci-dessous).Quelques kilomètres plus loin, c'est à Puiselèt que
le car nous attend pour la fin de randonnée courte.
22 courageux s'élancent pour la moyenne qui finalement sera la longue de la journée, les erreurs de parcours du matin ne nous permettant pas
d'aller plus loin. Comme d'habitude pour la longue, le rythme est soutenu et nous arrivons rapidement à Saint-Pierre-lès-Nemours,
dans la proche banlieue de Nemours, le point final du circuit de la journée.
Retour en car et c'est par les traditionnels raccourcis d'Etienne que nous rejoignons Villiers-le-Mahieu à la nuit tombée.
A Larchant vivait au IIIème siècle un jeune chrétien nommé Mathurin qui fut ordonné prêtre et acquit rapidement
une grande réputation de sainteté. D'après la tradition, il fut appelé à Rome pour chasser un démon qui tourmentait la princesse Theodora, fille
de l'Empereur.
Il mourut à Rome mais son corps fut ramené à Larchant par ses disciples. Auprès de son tombeau fut élevée une chapelle qui devint rapidement
l'objet d'un pèlerinage. On venait de fort loin à Larchant invoquer Saint Mathurin pour la guérison des fous et des possédés.
Au début du XIème siècle, la terre de Larchant fut attribuée par héritage à l'évêque de Paris qui en fit don au Chapitre de sa cathédrale.
Ce Chapitre, seigneur de Larchant, fit édifier, à la fin du XIIème siècle, une l'église majestueuse, dédiée à Saint Mathurin.Au Moyen Age,
Larchant était l'un des principaux pèlerinages nationaux. Plusieurs rois de France vinrent prier les reliques de Saint Mathurin entre le XIVème
et le XVIème siècles: Charles IV, Louis XI, Charles VIII, François Ier, Henri II, Henri III et Henri IV. Les pèlerins arrivaient en foules d'un
peu partout, mais surtout de l'ouest, de Bretagne, par le vieux " chemin de Saint Mathurin ". Larchant était aussi une étape sur le chemin de
Saint Jacques de Compostelle.
L'occupation du site de Larchant remonte aux origines de l'humanité. Récemment, une grotte ornée de signes gravés et de traces de peinture y a
été découverte et a livré des témoignages vieux de plusieurs millénaires. Près du village, une fontaine sacrée témoigne de l'ancienneté de cette
implantation humaine et de cultes - peut-être celtiques - auxquels il faudrait rattacher le nom de Larchant qui reste encore mystérieux (" Liricantus "
dans de très anciens textes), lieu consacré au culte d'une source sacrée.
Le centre ancien du village actuel conserve encore le plan de la cité médiévale, enceinte de murailles et de fossés, avec ses maisons dominées
par la haute silhouette de l'église.
Il faut imaginer Larchant au Moyen Age, non pas comme une ville étendue, mais comme une petite cité religieuse à la vie intense, comme le sont
aujourd'hui Vézelay ou le Mont-Saint-Michel. Des témoignages du Larchant ancien subsistent çà et là et on peut les découvrir lors d'une promenade
dans le village : vieilles maisons à encorbellement, façades de maisons du XVème siècle, l'ancienne ferme du Chapitre, qui domine le village, et
surtout la splendide église Saint Mathurin avec sa tour de 50 mètres et sa nef ruinée.
Bien qu'en partie ruinée, l'église Saint Mathurin présente encore
un aspect imposant. Avec sa tour dévastée sur deux de ses faces et sa nef dont il ne reste debout que les murailles dans lesquelles s'ouvrent deux
étages de baies, elle interroge le voyageur et le touriste et leur transmet un peu de l'émotion religieuse des siècles passés.
L'église commença à s'élever dans la seconde moitié du XIIème siècle, un peu après Notre-Dame de Paris et, en 1176, le choeur et le transept
devaient être en grande partie achevés puisqu'on y transféra la Châsse de Saint Mathurin. On peut dire que l'église de Larchant est la fille de
la Cathédrale Notre-Dame de Paris.
Il est vraisemblable que les mêmes architectes et les mêmes " tailleurs d'images " travaillèrent à Notre-Dame et à Saint-Mathurin. Le portail de
la Tour est d'ailleurs, en réduction, celui du Jugement Dernier de Notre-Dame.
Dans le second quart du XIIIème siècle, les travaux de l'église étaient déjà assez avancés (construction de la nef), lorsque l'on prit la décision
d'ajouter une tour au plan primitif, destinée à servir de porche et de clocher.Cette tour, haute de 50 mètres, se distingue aux alentours et c'est
par elle que l'église de Larchant jouit au loin d'une réputation justement méritée. Plus tard, à la fin du XIIIème et au XIVème siècle, on
construisit de chaque côté du choeur, une chapelle, au nord, et une sacristie et un trésor au sud. La chapelle, dédiée à la Vierge, est un
véritable bijou d'architecture ogivale.
Mais peu d'édifices religieux ont eu à subir les outrages des hommes et les ravages des catastrophes naturelles, comme l'église de Larchant.
Autant la splendeur de Saint-Mathurin avait été longue et éblouissante, autant la décadence fut lente et tragique et, dans les annales du village,
on n'écrit plus, à partir du XVème siècle, qu'une suite presque ininterrompue de désastres, ravages des tempêtes, fanatismes religieux, sacs et
massacres par une barbare soldatesque, pèlerinages décroissants, difficultés pécuniaires de plus en plus grandes : orage violent qui détruisit les voûtes et fit fondre les cloches en 1490, pillages et incendies par les protestants du fanatique chevalier du Boulay et du Comte de Montgomery en 1567 et 1568, horde de brigands qui brûlent, pillent et massacrent en 1641, ouragan de nouveau en 1654, foudre et incendie encore en 1674, effondrement définitif de la tour-clocher en 1675.
En 1827, la tour ruinée fut vendue à un constructeur comme carrière de pierres. Mais le marché fut annulé à cause de la difficulté du travail:
malgré son état de délabrement, l'église résistait encore aux pioches des démolisseurs. En 1843, l'église Saint-Mathurin fut classée Monument
Historique. Mais il fallut attendre la période d'après la guerre de 1914-18 pour que, sous la direction d'Albert Bray, les travaux indispensables
de restauration, qui attendaient depuis plus de 300 ans, fussent entrepris.